DéSappointée
Le 9 février 2006, vers 19h30, elle avait laissé son premier commentaire : « Oula...mais ou suis-je tombée ?! C'est le premier blog ou je vois un post comme ca. Ceci dit tu l'explique trés bien. J'ai compris et pourtant suis blonde ! Mais c'est également le seul blog ou je vois le bloggeur se parler tout seul ! lol Ca m'a bien fait rire (ok j'avoue me faut pas grand chose) », 386 suivront en un peu moins de 3 mois. Ce coup d’essai m’a permise de découvrir un univers peu courant, chaleureux, mélange génial de marketing, géopolitique, actualité, opinion. Si la couleur de ses cheveux semblait blond argenté, ses propos s’inscrivaient dans la lignée d’une vraie femme d’esprit, tordants souvent le cou aux idées reçues, plein de subtilité et de légèreté. Je qualifierais tous ses articles de coups d’éclat voire de coup de maître. Et puis, les petits « coucou » se sont transformés rapidement en messages courtois, nos blogs se sont fréquentés plus que de coutume, ce qui s’est conclut par un charmant échange de courriels, 71 au total, d’abord courts puis de plus en plus personnels, surtout pour ma part. En effet, mêlant mystère, discrétion et pudeur, elle a toujours mis un point d’honneur à protéger sa vie privée, personne ne sait rien d’elle, de son quotidien, de son parcours : vit-elle seule ? en couple ? où travaille-t-elle ? Ces questions resteront sans réponses. Je sais juste qu’elle possède un chat boulimique, qu’elle parle espagnol couramment, que ce n’est pas demain la veille qu’elle aura la corde au cou, que c’est la pire des chieuses lorsqu’elle fait ses courses, et que son hyperactivité la force à courir toute la sainte journée ... Elle se montrait humaine et à l’écoute, une oreille, une épaule, un coup contre lesquels je pouvais parfois me confesser. Elle m’a souvent répétée le couplet sur l’anonymat et le net, nous ne sommes que des pseudonymes, il ne faut pas s’attacher, ça ne vaut pas le coût, il faut s’accrocher à la vie réelle, quoiqu’il en coûte. Elle avait raison, bien sûr, mais je ne suis pas comme ça, je reste peut-être froide au premier abord mais lorsque la confiance me gagne, je deviens coupable de sentimentalisme primaire, je m’attache, je me livre, je deviens chiante et coulante … elle m’a un peu couvée ces dernier temps, j’avais pris la coutume de lui livrer mes coups de cafards, je n’arrêtais plus que de couiner, alors je peux comprendre qu’elle ait eu l’envie de refermer le couvercle. Dimanche, le couperet est tombé douloureusement, sans prévenir : coupure définitive du meilleur des blogs. Après 105 articles et 5 mois (même pas des chiffres pairs !) elle tire sa révérence, elle décide sur un terrible coup de tête de ne plus remettre le couvert. Et, pour couronner le tout, elle nous apprend qu’elle s’éloigne définitivement du monde virtuel. Il va me falloir un certain temps pour me remettre de ce coup de Trafalgar, la couleur verte de ses réponses me manquera quotidiennement. J’aurais apprécié te rencontrer par une belle journée d’été, pour partager un dialogue, un coup d’œil, un court instant de bonheur et pourquoi pas sur un coup de folie, un déjeuner sur l’herbe, un pique-nique dans les bois, un couscous avec Olympe. Même si je ressens un petit coup de blues, ne te sens pas coupable, j’arrête mes courbettes dignes d’une courtisane, je stoppe ce long discours, tu as ta vie, nous avons la notre, notre seul lien était le blog, mais ton départ vient de me couper le souffle. Si tu me lis, je t’envoie tous mes encouragements pour un avenir radieu, tu resteras un vrai coup de cœur ma DS adorée.