Salon de l'érotisme
La pluie frappe fortement mon pantalon détrempé, les gens en tenue d’été se pressent, pour sortir leur parapluie. Ils en ont oublié l’usage. Quelle drôle de sensation que cette eau fraîche et douce qui s’abat violemment sur mon crâne, je savoure presque, je me sens vivant. Arnaud me donne une petite tape dans le dos, il me fait signe d’avancer, il est pressé d’entrer dans le parc des expositions. Cette après-midi, nous avons décidé d’orienter notre activité dominicale vers la culture et c’est avec une curiosité certaine que nous pénétrons le salon de l’érotisme. Première constatation : sexe et argent font bon ménage puisque l’entrée se monnaye tout de même 25 euros, pour ce prix j’espère avoir la chance d’observer des choses intéressantes.
Une fois acclimaté avec les différents stands et les vendeuses affriolantes en tenues d’Eve ou SM, mon attention se focalise surtout sur la clientèle. Alors que je pensais rencontrer essentiellement des camionneurs ou militaires bruts de décoffrage, je suis dans l’obligation de constater que le sexe n’est plus tabou auprès des jeunes femmes, devenues de ferventes acheteuses d’objets érotiques. En fait, beaucoup de demoiselles ont entre 18 et 25 ans, elles viennent soit en couple, soit en bande de copines, elles sont généralement habillées « fashion victime » et semblent curieuses de tout. En fait, j’ai l’impression que la pornoisation de la société a crée un nouveau type de femmes : celles qui veulent reproduire l’émotion vécue par les hommes devant le matage de shows érotiques. De la même façon, elles veulent se sentir désirées, admirées, elles veulent faire bander le male. Ce sont les femmes qui souhaitent tenir les hommes par le sexe alors qu’elles restent encore très très jeunes. D’ailleurs, cette constatation me rappelle l’interview d’une actrice américaine qui expliquait que toute son enfance, elle avait vu son père s’affaler dans son canapé et savourer des « Playboy » et autres magasines coquins. En voyant le plaisir qu’il ressentait lors de ses lectures, dès son plus jeune age elle avait eu le désir d’être étalée sur la page centrale en papier glacé pour être admirée par ce même père, pour être aussi précieuse à son regard que ces playmates siliconées. Le besoin de se sentir aimée par l’autre peut amener à de nombreuses dérives.
Toujours est-il que la clientèle féminine s’avère très chaude, exigeante, et exubérante. Durant certains shows je suis entouré de trois lycéennes et elles crient comme des folles, elles s’excitent devant les fesses des strip-teaseuses, elles réclament de toutes leurs forces des vidéos pornos gratuites, elles se lâchent vraiment et ça devient presque déroutant. Un peu plus tard dans le salon, j’assiste a un autre phénomène troublant : l’érotisme en famille. Prenez une famille française classique composée des deux parents, d’une fille et d’un garçon et conviez les au salon de l’érotisme ! Vous obtenez des situations tout a fait comiques comme l’observation passionnée par la jeune fille d’une pénétration télévisuelle et de sa mère qui lui crie après : « Dépêche toi, avec ton père on voudrait acheter des accessoires ! ». Ou encore, une autre honorable maman qui se rend sur un stand avec sa petite dernière pour lui offrir un vibromasseur et qui demande toutes les caractéristiques techniques au vendeur. Meres et filles étalent leur sexualité devant l’autre sans retenue, sans réserve. Suis-je devenu un être facilement choquable ou bien la société avance-t-elle beaucoup trop vite pour moi ?
Je crois que l’absence de tabous m’attriste finalement, parce que sans tabous, il n’y a plus d’interdits a déjouer, d’excitation, tout devient plat. Même les SM ne se cachent plus : par exemple, sur un stand de mobilier SM, vous pouvez contempler différents instruments de tortures et au milieu, une petite table avec le vendeur et les clients en train de signer les papiers, comme dans tout bon magasin de meuble, sauf qu’ici le but consiste à attacher madame au pilori !
Bon, mine de rien j’ai tout de même sorti mon appareil (photo … bande de pervers), et peut-être que je vous en ferais profiter (je ne suis pas sur de la qualité). Enfin, je ne crois pas que j’aurais appelé cet événement « salon de l’érotisme » mais plutôt « salon de la pornographie ». Ah oui, une question me brûle les lèvres : Pourquoi lors des strip-tease les jeunes femmes finissent toutes nues alors que les messieurs affichent pudiquement une serviette devant leur virilité ? Peut-être le dernier tabou …
Quelques photos pour vous faire plaisir ... ;-) :