J-1

Tous les jours je pense à toi puisqu'aucune date n'est nécessaire pour me rappeler l'odeur de ton parfum ou les traits de ton visage. Seulement, les anniversaires semblent faits pour nous percer le coeur et créer un reflut d'émotions nostalgiques. Même si le soleil brille en ce matin d'octrobre, même si les mouettes chantent devant cette mer bleue, amicale, rieuse, je ne vois que la pluie s'abattre sur mon crâne refroidit, le tonnerre gronder, les nuages s'épaissir. Le 16 octobre restera pour toujours une journée terne, grise, noire, où l'eau coule à flots comme pour mieux laver un passé que je désire préserver, encore quelques instants.

Ce 16 octobre 2001, il pleuvait, il pleuvait dans toute la ville, il pleuvait à grands bruits le long de ma fenêtre, il pleuvait le long de mes joues un flux infini et intarrisable. Le monde s'est arrêté, il pleuvera pour toujours le 16 octobre, quel que soit le lieu, quelle que soit ma vie, quel que soit mon entourage. J'ai honte d'exposer ces sentiments aux yeux du monde, j'espère ne pas souiller ta mémoire, mais comprend moi, comment te dire que tu me manques, que j'ai besoin de toi ? Je ne sais plus qui appeler lorsque je suis malade, lorsque je suis déçu, lorsque je suis heureux, lorsque je suis amoureux, lorsque j'ai besoin de réconfort. J'aurais voulu que tu vois qui je suis devenu, parce que tout ça, je le fais pour toi. J'aurais voulu lire la fierté dans ton regard.

Trop tard ! Le temps passe trop vite, il reprend ce qu'il donne en un claquement de doigt, juste pour nous faire comprendre qu'il est le maître, juste pour nous montrer que finalement tout reste éphémère. Seulement, j'enrage ! J'enrage de te pleurer par simple désir égoîste, j'enrage de constater que tu n'es plus là pour moi, au lieu de me dire que tu n'es plus là pour toi ... Car finalement, est-ce toi que j'aime vraiment ou bien simplement l'image positive de mon "moi" que tu renvoyais dans ton sourire et tes baisers ? Maman, c'est trop dur de ne plus prononcer ce mot.